Dernière mise à jour : 2024-09-14 22:07

Il faut arrêter avec la hype.

Calmez-vous, les tech-preneurs.

Un truc fun, c’est que beaucoup d’entrepreneurs estiment que “la compétition a du bon”.

En fait, ça n’a du bon que pour ceux qui ont déjà de la thune et qui sont protégés des risques de chute.

Du coup, on voit des centaines de “SaaS” ou autres outils apparaître, j’ai jamais vu autant de “nouveautés” depuis genre 3 ou 4 ans (depuis les débuts de la popularité des LLMs, en fait).

Pour autant, la plupart de ces outils sont “dormants”, un peu actifs au début (la hype, toujours) et leur croissance stagne rapidement puis s’étiole.

Ce que ne vous disent pas tous ces tech-bros (et oui, pour la 2e fois je mets ça sciemment au masculin, ce n’est pas un manque d’inclusion) c’est quand leurs projets capotent. Certains vont avoir un peu d’humilité et en parler puis passer au prochain projet.

Les outils Open Source permettaient déjà de faire pas mal d’outils payants à partir d’outils gratuits (par exemple, toutes les applis de l’entreprise Laravel sont basées là-dessus : une gigantesque masse d’outils gratuits branchés ensembles pour faire un outil super-payant), mais maintenant avec les différents LLMs branchés à un IDE ou carrément à des générateurs de code et d’images en ligne, on peut créer un SaaS en une journée, avec tout le branding et le design derrière, ça ne coûte pas cher, ça tourne pendant quelques temps, et on le laisse dormir ensuite parce qu’il n’y a pas grand chose à faire, enfin un peu de support peut-être mais en vrai les LLMs aident à ça, mais ça fait pas assez de chiffre pour faire du temps-plein dessus donc on tente un autre projet.

Du coup, depuis quelques années, des outils en ligne popent tout le temps, certains sont identiques, la plupart sont similaires, et ils vont tous être là, tous ensembles, comme des milliers de Vélib mal entretenus. Chacun va mettre en prod son service, en espérant qu’il marche, mais d’autres sont déjà là.

Au final, les produits qui vont fonctionner le mieux le feront sur un seul critère : est-ce que le tech-bro derrière le SaaS aura été un assez bon manipulateur… euh, pardon, un assez bon “commercial”, pour vendre son tapis. Et pour ça, est-ce que notre Enguerrand-Théophile de Sulpice-Trébourg aura assez de thune pour embaucher le service marketing qui fera le taff à sa place.

On en revient au début de cet article : ceux pour qui ça marche, c’est ceux qui ont déjà la thune pour que ça marche. La conséquence de ça, c’est qu’il y a une compétition de malade, mais les gagnants sont toujours les plus riches. La bonne idée n’a aucun intérêt. Il faut vendre de la hype, il faut vendre, toujours trouver un moyen de vendre.

C’est comme la multiplication des plateformes de streaming : quand c’était juste Netflix, tout le monde était dessus, y’avait quasiment tout dessus, ça allait à peu près. Maintenant y’en a treize à la douzaine, le client ne sait plus quel Vélib choisir, et de toute façon la plupart ont une qualité suffisamment dégradée, ou des différences trop peu négligeable, qu’ils vont devoir prendre des morceaux de chacun pour avoir un outil correct.

La plupart de ces SaaS sont des outils tout neufs, ce sont des bébés, et donc comme tous les bébés, ils ne sont pas finis.

La compétition crée des milliers de petits projets moyens (ou pourris) dans le monde.

Alors, que faire ? C’est quoi, la solution ?

La voici : très souvent il suffit de prendre un seul et unique gros projet qui existe déjà depuis des lustres, l’améliorer avec nos besoins, et voilà.

L’Open Source, c’est ça.

La collaboration pour le bien commun.

En opposition avec la compétition pour le profit personnel.


Edit : J’ai écrit cet article avant la publication de cette news : https://astro.build/blog/goodbye-astro-studio/.

C’est “marrant”, parce que ce qu’il s’est passé avec Astro Studio c’est exactement la suite logique de ce que je viens d’écrire.

La qualité, c’est une chose, mais ce qui fonctionne beaucoup c’est la popularité (et la chance ou l’opportunité de pouvoir acquérir ladite popularité). Sans ces pré-requis, le projet ne fonctionne pas.

Pendant ce temps, littéralement des MILLIONS d’unités d’argent sont injectées chaque année dans certains SaaS, et une immense partie d’entre eux ne fonctionne pas.

C’est triste, et comme je le disais au début de cet article, les tech-bros n’en parlent pas, ou très peu, parce qu’il ne fait pas bon ménage de montrer un échec. Ça vend moins bien lors des pitchs de levées de fonds.